Votre cerveau travaille pendant que vous dormez (et c’est une bonne nouvelle !)
- Katia Gagnon
- 11 juin
- 4 min de lecture
Un texte rédigé par Olivier Langlois et Dre Katia Gagnon, PhD/PsyD

Le sommeil est souvent vu comme quelque chose qu’on sacrifie quand l’horaire déborde. Pourtant, il constitue l’un des piliers fondamentaux de la santé physique et mentale. Un mauvais sommeil, en prenant en compte une multitude d’autres facteurs, peut avoir un impact sur la mémoire, l’humeur, les capacités cognitives et peut même entraîner des périodes de micro-sommeil à l’état d’éveil. Bref, les risques d’un sommeil de piètre qualité sont bien réels et sont largement sous-estimés.
Le cerveau à l’oeuvre pendant la nuit
Dormir n’est pas une perte de temps. C’est au contraire durant le sommeil que le cerveau consolide et réorganise l’information apprise dans la journée. Mais comment le cerveau retient-il ce qu’on apprend et quels types d’informations sont concernés par ce processus ? La consolidation de la mémoire permet le traitement des souvenirs et se déroule principalement durant le sommeil, une période marquée par différentes phases. Selon une étude datant de 2014 de l’Université de Zurich, le sommeil à ondes lentes, qui est une phase du sommeil profond présente surtout dans la première moitié de la nuit, joue un rôle primordial dans la consolidation de la mémoire épisodique, qui nous permet de nous souvenir d’événements vécus comme un rendez-vous important, ainsi que la mémoire sémantique, qui concerne les connaissances générales, comme la signification d’un mot ou une recette qu’on connaît par cœur. Ainsi, pendant qu’on dort, le cerveau ne se repose pas tout à fait. Il classe, renforce et relie ce qu’on a appris à des connaissances déjà existantes pour mieux s’en souvenir plus tard.
Fait surprenant, l’encodage des émotions semble également s’effectuer pendant le sommeil, notamment durant le sommeil paradoxal et le sommeil à ondes lentes. Eh oui, même pendant la nuit, notre cerveau trouve le moyen d’enregistrer le stress vécu lors d’une réunion importante, par exemple. Impossible d’y échapper !
Une vaste étude sur les étudiants et leur nuit écourtée
Une méta-analyse regroupant les données de 41 recherches menées à travers le monde sur près de 19 000 étudiants a récemment permis de mieux comprendre les liens entre le sommeil et la performance académique. Cette relation est évaluée grâce à un questionnaire qui mesure subjectivement la qualité du sommeil sur un mois, ainsi que des échelles subjectives utilisées pour évaluer respectivement la somnolence diurne et les symptômes d’insomnie. Selon les résultats de l’étude, environ 4 étudiants sur 10 souffraient d’un sommeil de mauvaise qualité et plus du tiers se sentaient somnolents pendant la journée. En conséquence, une diminution des résultats académiques était observée chez ceux qui dormaient mal ou qui ressentaient une somnolence diurne. Ce n’est donc pas simplement une question de dormir plus longtemps, c’est surtout la qualité du sommeil qui fait la différence. Une nuit agitée ou entrecoupée, même si sa durée semble suffisante, peut nuire le lendemain à la concentration et à la performance, particulièrement dans les contextes où la vigilance est cruciale. Toutefois, pour que ce sommeil soit réellement réparateur, sa durée doit aussi être suffisante. Selon Santé Canada, les adultes devraient dormir entre 7 et 9 heures par nuit pour bien fonctionner.
Et ces constats dépassent largement le cadre scolaire. Si les étudiants en médecine se distinguent par un taux élevé de troubles du sommeil, en raison d’un horaire exigeant et d’un stress constant, ils ne sont pas les seuls concernés. Que l’on soit travailleur de la santé, camionneur, enseignant ou jeune parent, un sommeil de piètre qualité peut affecter chacun de nous avec des conséquences plus ou moins grandes sur notre mémoire, notre attention et notre bien-être au quotidien.
Pas de panique !
Mais que faire si je pense ne pas avoir une bonne qualité de sommeil ou ne pas respecter les recommandations de Santé Canada ? Rassurez-vous, même si vous vous sentez plus fatigué au quotidien, cela ne veut pas dire que votre mémoire ou vos capacités cognitives vont nécessairement en souffrir à long terme. Par exemple, si vous êtes un jeune parent qui doit se réveiller la nuit pour consoler bébé, vous n’êtes pas seul. Il est normal de vivre des nuits entrecoupées dans cette période de la vie. Le cerveau possède une certaine capacité d’adaptation et il est possible de compenser partiellement le manque de sommeil avec des moments de repos de qualité ou des siestes stratégiques. En effet, une étude de 2025 montre que même une courte sieste de 30 minutes, après une nuit blanche, améliore significativement les fonctions cognitives, notamment le contrôle de l’attention et la précision des réponses.
Cela dit, vaut mieux prévenir que compenser. Adopter une bonne hygiène du sommeil, par exemple, garder un horaire de sommeil régulier (même si ce dernier peut être dérangé), éviter les écrans avant de se coucher, les stimulants et les gros repas le soir, peut être utile pour améliorer la qualité du sommeil.
Un truc pour les étudiants ou pour toute personne souhaitant mieux apprendre ? Il vaut mieux étudier par petites périodes réparties dans le temps plutôt que de tout revoir d’un seul coup la veille d’un examen, au détriment du sommeil. Un apprentissage espacé, combiné à un repos de qualité, favorise davantage la consolidation des connaissances et les performances académiques. Finalement, certaines approches émergentes, comme la réactivation ciblée de la mémoire, montrent qu’il est possible de renforcer l’encodage des connaissances durant le sommeil profond, notamment en associant l’apprentissage à une odeur ou à l’écoute de musique classique. Bref, dormir, c’est donner à son cerveau les moyens de réussir.
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RÉFÉRENCES
1 Ackermann S, Rasch B. Differential effects of non-REM and REM sleep on memory consolidation? Curr Neurol Neurosci Rep. 2014 Jan;14(2):430. doi: 10.1007/s11910-013-0430-8. Epub 2014 Jan 7. PMID: 24399156.
2 Gutiérrez Pérez ML, Lugo Machado JA, Lozano Lavado V, Navarro Pimiento DC. Sleep and Learning: A Systematic Review. Int Arch Otorhinolaryngol. 2024 Oct;28(4):e657–e661. doi: 10.1055/s-0043-1777294. Epub 2024 Feb 5.
3 Li L, Li Y, Yu S, Xu Z, Wang C, Guo F, Chang Y, Zhang R, Fang P, Zhu Y. Restorative effects of daytime naps on inhibitory control: a neuroimaging study following sleep deprivation. Nat Sci Sleep. 2025;17:475–487. doi:10.2147/NSS.S499702. Epub 2025 Mar 18. PMID: 40124581.
4 Seoane HA, Moschetto L, Orliacq F, Orliacq J, Serrano E, Cazenave MI, Vigo DE, Perez-Lloret S. Sleep disruption in medicine students and its relationship with impaired academic performance: A systematic review and meta-analysis. Sleep Med Rev. 2020 May;53:101333. doi: 10.1016/j.smrv.2020.101333. Epub 2020 May 15. PMID: 32413536.
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